Je réfléchis souvent à la profondeur de l’affection que je te porte. L’amour, dit-on, est une symphonie de sentiments. Pourtant, une telle définition ne fait qu’effleurer la surface de mes interrogations. Je suis plus sensible à une perspective biologique de la chose. Elle suggère que l’amour est alimenté par deux forces principales : l’attirance et l’attachement. Ces dernières retiennent mes pensées captives de leur complexité.
L’amour, un idéal
En réalité je ne t’aime pas vraiment. J’aime l’idée de toi, l’idéal que tu représentes, le désir que tu combles. J’aime nos souvenirs partagés, abritant les trésors de mon affection. Si l’ensemble de mon amour était un tableau, il serait coloré de toute part. Englobé d’un paysage lumineux et chaleureux. Presque qu’irréaliste. Chacun y serait représenté, mais aucun fidèlement. Il n’est pas certains que tu pourrais t’y reconnaître. Mais mon amour pour toi est réel, bien qu’il soit une fabrication de mon esprit.
L’attirance serait t’elle alors que l’éveil d’un idéal ? La projection d’un désir qui semble plus proche que jamais ? Et l’attachement l’énergie qui maintiendrait cet idée en vie ?
Attirance n’est pas amour
Ah, je me souviens de l’attraction magnétique que tu as exercée sur moi, il y a des années. Je pensais que j’étais tombé amoureux, mais en réalité, cet amour n’était pas encore né. À partir de cette première étincelle, nous nous sommes embarqués dans un voyage, semant les graines des souvenirs qui ont donné naissance à notre amour.
L’attirance n’est pas l’amour, mais elle peut en être une composante. Elle ne semble pas être une condition suffisante à son apparition (contrairement à l’attachement). On peut aimer sans être attirer comme on peut être attiré sans aimer.
Une forte attirance, signifie une forte idéalisation, d’où peut naître des formes d’admiration, de respect ou de désir charnel. L’attirance contrairement à l’attachement, ne semble pas être quelque chose sur lequel on peut consciemment influer. Il semble totalement échapper à notre contrôle. Cela murmure une vérité : quelle que soit la profondeur de notre amour, les charmes extérieurs peuvent momentanément me captiver. Mais, mon amour pour toi, fort et résiliant, résistera.
Et si je t’oubliais (le poids des souvenirs)
Mon amour pour toi perdurerait-il si mes souvenirs se dissolvaient comme une brume matinale, effaçant ton nom, ton visage, ton sourire, et la tapisserie nos histoires ? Je suis fascinée par l’origine de ce lien intime, de ces fils invisibles qui nous ont rapproché et nous lient. Il me semble que l’attachement n’est rien d’autre qu’un grand dépôt de souvenirs passés et futurs que nous chérissons. Des étoffes de souvenirs partagées et de moments significatifs, tissés de manière complexe. Chaque souvenir est un joyau dans la couronne de notre affection. Ils sont chéris, appréciés, presque vénérés.
L’amour se construit
Contrairement à la croyance populaire, l’amour n’est pas quelque chose que l’on poursuit, ni que l’on trouve. L’amour se construit. C’est dans cette vérité que se révèle sa fragilité et sa résilience : l’amour peut s’estomper, se restaurer, se briser, se perdre, s’envoler. Intangible mais malléable. Influençable bien qu’incontrôlable.
L’amour est une œuvre d’art construite au fil du temps. Elle a besoin de soins et d’attention pour ne pas s’abîmer au fil des années. Si nous ne prenons pas soin de générer de nouveaux souvenirs pour alimenter notre attachement, notre amour, comme une fleur non arrosée, finira par faner. Trop souvent, l’amour est perçu comme une force qui échappe à notre contrôle, ce qui nous conduit à la passivité et à regarder ses flammes vaciller pour s’éteindre lentement
L’amour pluriel
Autrefois, je croyais à la catégorisation de l’amour : familial, fraternel, platonique ou romantique. Mais aujourd’hui, je sais que l’amour est beaucoup plus simple, merveilleusement simple. Si notre amour pour quelqu’un trouve ses sources dans les souvenirs communs et dans l’idée que l’on a de lui, cela signifie que notre amour lui est unique. En effet, j’aime mon frère en tant que tel, parce que nous avons des souvenirs fraternels et qu’il représente pour moi un frère. J’aime ma mère en tant que mère, parce que nous partageons des souvenirs de mère à enfant et qu’elle représente celle qui m’a donné la vie.
Chaque amour a sa propre silhouette, ses propres formes, ses propres couleurs et son propre timbre. Personne ne peut affirmer aimer deux âmes de la même manière.
Ce qui est remarquable c’est qu’il est possible d’être attiré et attaché à des choses irréels ou immatériels. Tant que ces derniers peuvent être associés à un idéal et être associés à des souvenirs (réels ou fictifs), éprouver de l’amour sera possible.
L’amour inconscient
Je ne pense pas que l’on tombe amoureux dans la rue ou dans un bar, tout simplement parce que l’on ne peut pas aimer quelque chose que l’on ne connaît pas. L’amour, fleur familière, ne peut germer sans un sol fertile. N’es-tu pas d’accord ?
Mais qu’en est-il de toutes ces histoires que l’on raconte ? Nous écrivons des chansons qui parlent de tomber amoureux, nous tournons des films qui parlent de tomber amoureux. J’aurais plutôt tendance à dire que nous sommes « trompés pour aimer ». Nous ne sommes que des marionnettes, involontairement envoûtés par les illusions de notre propre esprit. Notre cerveau, maître illusionniste, nous joue des tours. Le cerveau sait comment faire, il le fait depuis des millénaires. Pour la survie de l’humanité. Oui, tomber amoureux nous laisse penser que nous tombons amoureux par hasard. Mais ce n’est pas un accident. Nous tombons amoureux dans un but précis, même si ce but est profondément caché dans notre conscience.
TODO (en cours de rédaction) : Bien entendu le fait de tomber amoureux n’est pas un processus conscient. Même si l’on peut trouver des indices dans les qualités que l’on attache à une personne, nous ne sommes pas supposé savoir pleinement pourquoi l’on tombe amoureux de quelqu’un. Cela apparaît à notre conscience comme quelque chose de tout à fait naturel. Tout comme nous pouvons ne pas aimer quelqu’un sans vraiment pouvoir l’expliquer.
L’amour se mesure
Et pourtant, alors que je prêche la force de mon amour pour toi, je me pose la question suivante : comment mesurer la force de quelque chose d’aussi intangible ? Comment définir la qualité de l’amour ? Quelle est sa valeur ?
Je crois que la qualité et la force de l’amour peuvent être mesurées par la qualité et le type de souvenirs que nous partageons. Plus nous partageons de bons souvenirs, plus nous les apprécions et plus nous aimons.
L’amour est un spectre nuancé
Cette conceptualisation de l’amour comme une usine complexe de souvenirs nous permet d’apprécier la myriade de nuances entre l’amitié et la relation amoureuse. Cette compréhension nuancée de l’amour nous permet d’accepter et de comprendre différents types de relations entre les êtres vivants. Nous ne sommes plus confinés dans un paradigme binaire. Pouvez-vous le voir maintenant ? ce spectre nuancé de l’amour qui lie les âmes ensemble.
Oublie ce que j’ai dit
Pourtant, cette vision de l’amour n’est qu’une toile sur laquelle il convient de peindre ses propres vérités. Il ne faut pas oublier que la façon dont les gens se sentent et se comportent en amour est influencée par la conception qu’ils en ont. Et bien que j’ai tenté de résoudre le mystère sur l’origine de l’amour, la question de sa fin demeure : comment l’amour meurt-il ?